309 pages édité chez Albin Michel en novembre 2008
Roman
Résumé
Saad veut quitter Bagdad, son chaos, pour gagner l'Europe, la liberté, un avenir.
Mais
comment franchir les frontières sans un dinar en poche? Comment, tel
Ulysse, affronter les tempêtes, survivre aux naufrages, échapper aux
trafiquants d'opium, ignorer le chant des sirènes devenues rockeuses, se
soustraire à la cruauté d'un geôlier cyclopéen ou s'arracher aux
enchantements amoureux d'une Calypso sicilienne?
Tour à tour violent,
bouffon, tragique, le voyage sans retour de Saad commence. D'aventures
en tribulations, rythmé par les conversations avec un père tendre et
inoubliable, ce roman narre l'exode d'un de ces millions d'hommes qui,
aujourd'hui, cherchent une place sur la terre: un clandestin.
Mon avis
Le
dernier livre de l'auteur qui traite d'un sujet grave, le déplacement
des populations, de l'immigration... au delà des lois, des frontières,
il y a des hommes, des femmes et des enfants, des parcours de vie, des
histoires de vie... et l'envie d'un ailleurs meilleurs... ce qui est
légitime pour chacun d'entre nous...
Pourtant nous ne sommes pas
loger tous à la même enseigne : derrière cette histoire, Eric Emmanuel
Schmitt aborde la misérabilité, l'exploitation voire l'esclavage qui se
dresse à tout départ précipité de son pays sans moyen avec pour unique
bagage sa carcasse et sa culture (qu'il faut parfois oublier...)...
c'est encore une fois avec beaucoup d'humanité que l'auteur nous dresse
un portrait d'homme tenant tête à son destin, relevant toujours le défi
et continuer à vivre tout simplement...
Ce livre m'a rappelée des
conversations que j'avais eu dans mes jeunes années, quand le soir avec
des copains, nous refaisions le monde : si un jour, Lepen est au
pouvoir, nous quitterons la France... aujourd'hui avec le recul, je me
dis que ce n'est pas si simple... à l'époque c'était de l'ordre de
l'aventure, aujourd'hui ce serait en terme de choix, de perte et de
sauvegarde de soi...
De part mon boulot, je suis en lien avec un CADA
(centre d'accueil des demandeurs d'asile), je suis sensibilisée à ce
que d'écrit Eric... je ne peux m'empêcher de penser qu'un jour ce sera
toi, vous, nous, moi qui devront partir... il y a des réfugiés
politiques, des réfugiés de guerre, des réfugiés pour un travail,
bientôt des réfugiés politiques... bref qu'importe la raison, au delà de
nos frontières de papiers, de nos lois autour de ces personnes que l'on
reconduit à la frontière, ou celles qui restent dans nos aéroports dans
l'attente d'une régularisation... c'est finalement le droit des
individus à disposer d'eux-mêmes, au delà des aléas de leur naissance...
Cela
me rappelle un sketch de Gustave Parking : la carte d'identité qui te
révèle ton identité nationale quand tu as 16 ans par un grattage, ce qui
oblige chacun d'entre nous à avoir un peu plus de considération pour
nos futurs concitoyens....
Toujours aussi bien écrit, même si ce n'est pas mon préféré de lui : il me rappelle par certains côté Persépolis
A lire absolument