Château la Fugue
édition des Falaises – 184 pages
Présentation de l’éditeur :
Lorsque à l’occasion d’un reportage sur les vendanges à Chablis, Mathilde entraîne Lucien dans ce qu’elle pense être une escapade gastronomique, elle n’imagine pas dans quel guêpier ils vont se fourrer. Au coeur du vignoble bourguignon, une jeune fille disparaît, des gourous invoquent des druidesses et les esprits de la nature, et les vendanges deviennent plutôt sanglantes.
Mon avis :
J’ai découvert cette autrice lors du salon du livre de Franqueville-Saint-Pierre, et j’avais commencé par le tome 2 des aventures de Mathilde et Lucien, une soeur et un frère dont les parents aimaient beaucoup Stendhal. J’avais choisi Hareng au sang parce que l’enquête se passait en Normandie. Je chronique ici Château la Fugue, le premier tome de leurs aventures, qui a l’avantage pour moi d’être court (je peine actuellement dès qu’un roman dépasse les 220 pages) : 184 pages. Ce tome nous emmène de Rouen, où vivent le frère et la soeur, à Chablis, dans l’Yonne, pour couvrir les vendanges (note : Christine Chaumartin est originaire de ce département, dans lequel elle a aussi enseigné). Tout aurait pu se passer de manière très ordinaire, un reportage de plus, si ce n’est qu’un cadavre, celui de Corentin Delvau, est découvert sur la parcelle dite de L’homme mort, et qu’une adolescente,Lisa, a disparu. Puisque Mathilde est déjà sur place, il est convenu que c’est elle qui couvrira les deux affaires. le séjour gastronomique et reposant est loin derrière eux.
Lors de cette première enquête, ils feront une belle rencontre, en la personne d’Emile, un retraité qui non seulement leur servira de guide lors de leurs explorations, mais possède également une grande culture picturale : voilà de quoi ravir Lucien, passionné par l’oeuvre de Crivelli. Il faut trouver du positif, parce que, si l’on réfléchit un peu, ce récit aborde des thèmes graves : le burn-out (la victime, Corentin, en avait fait un), l’enfance maltraitée (l’adolescente disparue était placée, et même si sa famille d’accueil est très bien, combien d’épreuves Lisa a-t-elle traversées avant d’arriver à Chablis ?) et le poids persistent des rumeurs, même si le vrai coupable a été identifié (mais le rythme de la justice n’est pas le rythme de la vie quotidienne). Lucien lui-même a beau être un homme charmant, il a souffert de la perte de ses parents, à l’adolescente : il a pris soin de sa soeur cadette, à un âge où les préoccupations sont autres. Il est question aussi (sans transition) des personnes qui savent profiter de la faiblesse ou de la fragilité des autres pour s’en mettre pleins les poches – et tous, à un moment ou à un autre de notre vie, pouvons nous trouver en position de faiblesse.