Santa Barbara - tome 1 : La fille de la plage
édition Hugo & Cie – 571 pages
Présentation de l’éditeur :
Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Que cherche-t-elle ?
Santa Barbara. Une jeune femme se réveille sur une plage.
Elle est amnésique. Elle ne se souvient que de trois choses : son prénom, le visage d’une femme ensanglantée, et enfin de ne surtout pas appeler la police. Quatre amis, qui viennent fêter la fin de leurs études universitaires, la retrouvent et décident de venir à son aide.
Mais est-ce pour le meilleur ou pour le pire ?
S’insinuant dans la vie de chacun des personnages, Chelsea, la mystérieuse fille de la plage, est-elle aussi ingénue qu’elle le paraît ?
Mon avis :
Je commencerai par les points positifs : le roman se lit très rapidement et le chapitre 51 (le dernier) est bien.
Pour la suite de cet avis, eh bien… Le livre promettait tout de même de savoir qui est cette jeune femme amnésique, qui est cette femme au visage ensanglanté dont elle se souvient. Oui, nous le saurons, mais l’enquête policière est totalement diluée dans tout autre chose. D’ailleurs, quand je dis « enquête policière », les termes sont exagérés : jamais la police n’est impliquée, quoi qu’il se passe. Un pépin ? Papa va arranger cela ! Une jeune fille est victime de cyber-harcèlement ? Il ne faut surtout pas porter plainte, sinon la jeune fille en « mourrait », surtout si les images étaient diffusés sur le web. Mais si l’on ne porte pas plainte, jamais ce genre de personnes n’arrêtera – l’impunité ne doit plus exister, la honte doit vraiment changer de camp (oui, je sais, ce n’est pas gagné).
L’action durera deux jours, et pendant deux jours, Chelsea, finalement, va bien s’amuser. Oui, elle a des flashs, elle voit des choses horribles, mais elle part en virée shopping avec les filles, elle est hébergée sur un yacht, dans un superbe appartement, elle a une relation avec un des garçons, et remonte peu à peu la piste de son passé.
Alors, qu’en est-il du reste de l’intrigue ? Et bien, Santa Barbara, déjà, pour moi, c’est le titre d’une série fleuve, d’un feuilleton, pour utiliser les termes de l’époque, des années 80. Ici, nous avons une jeunesse dorée, très très dorée même – et le soleil y participe aussi. Ils roulent dans des voitures de luxe (je n’ai pas retenu les marques), l’un d’eux se voit même offrir un appartement par ses parents pour ses vingt ans. Il était temps ! Le pauvre aura enfin un endroit où recevoir ses conquêtes ! Le plus important, pour eux, c’est l’apparence. Les descriptions m’ont donc fortement ennuyée, tant l’accent est mis sur la perfection du physique. Même les parents s’y mettent, qui invitent leur fille à se mettre en valeur, et, parfois, ne connaissent pas vraiment leurs enfants et leurs tourments. Je vous rassure : ils sont en général très brefs, pour ne pas dire, parfois, peu crédibles, tant les personnalités des personnages m’ont semblé manquer de cohérence – sauf à rester constamment dans la futilité. Ils sont tous incapables de conserver une relation sérieuse. Ce n’est pas que le sexe est important pour eux, c’est plutôt obsessionnel. Fiona, la grande soeur de Nathan, est à cet égard, complètement à l’ouest : peu importe que son petit frère ait une petite amie (qu’elle n’apprécie pas, elle n’est pas assez riche pour son frère, elle en veut forcément à l’argent de son rondouillard de petit frère), elle lui offre une escort girl. Je regrette l’absence de personnalité féminine forte. J’avais espéré, un temps, que Sandy rentrerait dans cette catégorie. Hélas non. Si je peux facilement passer sur le fait qu’elle veuille devenir danseuse, et qu’elle ne connaisse pas Béjart, estime peu la danse moderne, et n’a jamais entendu le Boléro de Ravel, en revanche, l’oscillation permanente de sa personnalité, son incapacité à tenir tête à presque tout le monde, sa volonté de rentrer dans la norme (enfin, celle de Santa Barbara) tout en voulant se démarquer (parfois) est au final assez décevant, le conformisme l’emportant trop souvent sur l’originalité. Reste, heureusement, Dodi, la grand-mère de Jason, la seule personne qui dit ce qu’elle pense, qui vit comme elle en a envie, après une existence qui fut mouvementée – et que cela déplaise, elle n’en a cure. Même si son fils a choisi pour elle la meilleure clinique, les meilleurs soins, il a oublié qu’il fallait aussi rendre visite à sa mère, et non la laisser isolée, dans ce qui ressemble fort à un mouroir plaqué or.
J’ai oublié de vous parler de la musique. Elle est très importante, elle rythme le récit, mais elle m’a semblé parfois un peu datée. Être fan d’Ed Sheeran, ok. Aimer les chansons de Fame, de Dirty Dancing ou de Flashdance est plutôt anachronique.
Je terminerai par la fin, forcément : elle n’a rien à envier aux meilleurs films à l’eau de rose.