Nina Dim 17 Aoû 2014 - 15:57
Titre : Le spectacle de Noël
Editeur : 10/18 - Nombre de pages : 186.
Mon résumé :
Pas de théâtre sans mécène ! Joshua Fielding le sait bien. Charles Netheridge aidera sa troupe lors de la prochaine saison à condition qu’elle joue l’adaptation de Dracula écrite par sa fille. A l’approche de Noël, toute la troupe se rend à Whitby, petit village où Dracula aurait fait sa première apparition au Royaume-Uni. Les tensions sont là, la neige aussi, qui les coupe bientôt du monde.
Mon avis :
Anne Perry, tous les ans, livre une "enquête de Noël" qui met en scène un personnage secondaire de ses romans principaux. Ici, il s’agit de Caroline Fielding, mère de Charlotte Pitt, marié à un comédien juif de dix-sept ans son cadet.
Le roman est court et étouffant : pas de découpage en chapitre pour faire des pauses et permettrait de donner plus de rythme à l’intrigue. Il faut en effet attendre les deux tiers du roman pour que le crime se produise, de manière un peu artificielle à mon goût. Et je ne vous parle même pas du dénouement, tout aussi tiré par les cheveux ! Ce roman est vraiment bien différents des enquêtes de Thomas Pitt, qui nous plongent d’emblée au coeur de l’enquête.
L’autre point rédhibitoire pour moi est que le roman Dracula est au coeur de l’intrigue, mais l’auteur fait de grosses erreurs en ce qui le concerne (ou alors, nous n’avons vraiment pas lu le même roman). Oui, le docteur Seward est bien le directeur de l’asile où est interné Renfield, mais il n’est pas le père de Mina, il est l’un des soupirants de Lucy. De même, Van Helsing ignorait "l’horrible condition de Mina [...] jusqu’à ce qu’il pose une hostie sur son front" p. 91 alors que le roman contient une scène phare dans laquelle Dracula mord Mina, après avoir mis Jonathan Harker dans un état cataleptique. Mina est alors présentée par les comédiens comme un personnage qu’ils admirent même si elle "mentira par la suite". Certes, j’ai lu ce roman il y a un an, mais je ne me souviens pas que Mina ait été la complice de Dracula à plusieurs reprises, elle fait au contraire tout ce qui est en son pouvoir pour aider les siens.
Nous retrouvons dans ce roman conçu en huis-clos – c’est incroyable le nombre de "romans de Noël" dans lesquels les personnages sont coincés par la neige – les thèmes chers à Anne Perry. La place des femmes ? Elle est auprès de son mari, à faire des enfants, à tenir sa maison, et à oublier toutes ses velléités de carrière artistique. Il faut "accomplir son devoir", penser à "l’opinion des voisins". Un vif débat oppose à ce sujet la jeune Alice et son fiancé Douglas qui tolère sa passion pour le théâtre, mais lui interdira d’écrire une fois que le mariage sera célébrée. Le devoir, vous dis-je. Le devoir, sa mère Eliza ne le connaît que trop. Sa maison est un mausolée à la mémoire de sa belle-mère défunte, qui en avait fait une somptueuse demeure – à son goût. Bien que mariée depuis une vingtaine d’années à Charles Netheridge, Eliza n’a jamais eu le droit d’aménager sa demeure comme elle le souhaitait. Ce manoir a beau possédé une salle de concert "pour distraire la famille", une magnifique verrière, que tous, dans le village, voit de loin, elle n’en est pas moins sinistre.
Le spectacle de Noël n’est pas le meilleur roman d’Anne Perry, il n’est même pas le meilleur de ses romans de Noël. Je lui conseillerai volontiers de délaisser cette tradition, ou alors d’écrire des enquêtes plus conséquentes.