Agatha
Edition Hachette - 320 pages.
Présentation de l’éditeur :
Agatha vit seule avec sa mère depuis la mort de son père. Elle s’ennuie. Alors elle lit. Tout ce qui lui tombe sous la main. Surtout des romans policiers. Elle lit, et elle imagine des histoires de meurtre et de disparition.
Livre après livre, rêve après rêve, elle grandit. Paris, l’Égypte : Agatha brûle de voir le monde. Elle a soif de goûter à tout ce que la vie peut lui offrir.
Plus tard, Agatha Miller prendra sa plume pour écrire. Son premier roman policier sera signé Agatha Christie.
Mon avis :
Ecrire une biographie romancée n’est pas chose aisée, parce qu’il faut à la fois coller à la réalité historique et écrire un texte plaisant à lire. De ce point de vue, je peux dire qu’Agatha est une réussite.
Ce récit ne prétend pas que l’enfance, l’adolescence d’Agatha Miller contenaient toute son oeuvre à venir en germe, non. Elle ne prétend pas non plus qu’un homme a transformé la tendre jeune femme en écrivain, non – en effet, pour certains, derrière la femme qui écrit, cherchez l’homme qui guide, corrige, inspire. Agatha est la petite dernière de trois enfants, aimée par sa mère et sa soeur aînée qui est restée proche d’elle malgré son mariage et la naissance de son fils. Elle était aimée par son père aussi, cela ne fait aucun doute, mais celui-ci est décédé prématurément, laissant sa femme et sa fille dans une situation financière compliquée.
Plus que sur la naissance d’un auteur – Agatha a toujours aimé écrire, son père, sa soeur, l’y ont encouragé – ce livre nous montre l’éducation réservée aux filles aisées au tout début du XXe siècle. Tout était fait pour les maintenir dans une certaine forme d’ignorance – même les pensions avaient pour but de les préparer à une vie mondaine, une vie d’épouse, non à les cultiver ou à entretenir leur curiosité. Même jouer au théâtre pouvait se révéler fort compliqué, il fallait compter avec les costumes, pas toujours conformes à l’idée que l’on se fait d’une tenue idéale pour une jeune fille. Ne parlons même pas de nager, sport, pourtant, dans lequel la jeune fille excellait. Agatha n’est pas naïve, non, elle est maintenue dans l’ignorance de certaines choses de la vie, tout comme ses amies – même les soeurs aînées « oublient » de transmettre certaines informations à leurs jeunes soeurs, parce qu’elles ont oublié ce par quoi elles sont passées, ou parce qu’elles respectent les interdits qui ont été posées par leurs mères.
Le but ultime est de trouver un mari pour sa fille -un bon mari, qui aura une bonne situation. Si beaucoup de jeunes gens gravitent autour d’Agatha, qui apprend, entre autre, comment tenir un carnet de bal, il n’est pas encore question d’une grande histoire d’amour pour la jeune fille, mais d’amour comme on peut en ressentir à l’adolescence, quitte à découvrir que l’objet de vos soupirs n’est plus tout à fait celui qui faisait rêver.
Agatha est un joli roman pour raconter qu’en fait un écrivain a toujours écrit, même quand il n’était pas publié.