Auteur : Françoise Bourdin.
Editeur : Belfond.
Nombre de pages : 330.
Mon résumé :
Ariane Nogaro est veuve, sans enfants. Pendant des années, elle s'est battue pour racheter la propriété familiale, ce qui lui a valu d'être traité (au mieux) d'excentrique, (au pire) de folle. Seule sa nièce Anne, comptable, marié à un vétérinaire, lui témoigne de l'affection. Aussi, Ariane va faire de sa nièce sa légataire universelle, lui léguant cette fameuse propriété, entourée de quatre hectares de pin. SE doutait-elle que son testament allait changer la vie très tranquille d'Anne ?
Mon avis :
Le Testament d'Ariane est le premier tome d'une saga familiale (le tome 2 est en cours d'écriture). N'allez cependant pas vous méprendre. Ce premier tome ne se contente pas de poser les bases de l'action, de présenter les personnages et de contenir suffisamment de rebondissement pour que le lecteur ait envie de lire le suivant. Il est un roman extrêmement efficace. J'ai passé un excellent moment de lecture en sa compagnie, au point de lire la moitié du roman d'une traite.
L'un des premiers atouts de ce livre est qu'il ne s'ouvre pas par la lecture du testament (trop classique) mais par son écriture. J'ai ainsi fait la connaissance d'Ariane, de son énergie, en dépit de son âge, et de sa lucidité. Ce portrait en action dissipe tous les commentaires acerbes que les membres de sa famille s'empressera de débiter.
Une seule fait exception : sa nièce Anne. Comme Ariane le remarque elle-même, son prénom est contenu dans celui de sa tante (tout comme le prénom du mari d'Anne, Paul, est contenu dans celui du dernier mari et seul véritable amour d'Ariane, Paul-Henri). Pourtant, quand le personnage a été présenté, je l'ai trouvé très conformiste et très soumise. Anne est mariée, elle vit un bonheur sans nuages, elle exerce à son domicile le métier fort passionnant de comptable, elle a un enfant, Léo. Celui-ci est en pension sur ordre de son père et elle l'a accepté sans véritablement remettre en cause son mari qui mène une belle carrière de vétérinaire. Ils ont une joli petite maison dont son mari parfait a conçu les plans. Nous sommes loin de l'excentrique Ariane.
La lecture du testament bouscule cette vie si bien réglée. Pour la première fois, Anne possède quelque chose qui est entièrement à elle, et s'aperçoit (à sa grande douleur) qu'elle excite jalousie, envie, rancoeur, de la part de sa propre mère (son père se montre plus serein), et de sa fratrie. Ce "tas de pierres" dont elle a hérité la prive même du soutien de son mari et sert de révélateur à des conflits ignorés. Anne, contrairement aux attentes, s'affirme et prend son destin en main, avec la complicité (très intéressée) de son petit frère.
Ariane reste présente même après sa mort. Jamais les membres de sa famille n'ont autant pensé à elle que depuis sa disparition. De plus, la lecture de son journal par Anne rythme le récit. Ariane s'y montre sans fard, et décrit ses proches avec lucidité. Anne est amenée ainsi à voir ses parents, ses frères et soeur à travers le regard d'Ariane - et cette prise de conscience ne va pas sans douleur.
La fin du roman est pleine de promesse et me donne très envie de poursuivre cette saga