Séraphine
Edition Phebus-libretto - 180 pages.
Présentation de l’éditeur :
Elle porte un prénom d’ange, chantant, ardent. Pourtant, le destin qui attend Séraphine Louis, née dans une famille pauvre de l’Oise à l’automne 1864, est des plus terre à terre. Orpheline, Séraphine entame une vie de domestique, comme celle de Félicie, l’héroïne d’Un Cœur simple de Flaubert. De cette terne réalité, il s’agit de s’évader. Séraphine communie avec la nature, Séraphine rêve, Séraphine prie. Et, un jour, cédant à un ordre impérieux de la Vierge, Séraphine peint. L’exaltée de Senlis est moquée pour ses toiles chatoyantes où les arbres, les fruits et les fleurs deviennent sensuels ou inquiétants. Mais le jour où un collectionneur parisien, Wilhem Uhde, découvreur de Picasso, de Braque et du Douanier Rousseau, croise la route de la talentueuse femme de ménage, il l’infléchit singulièrement…
Mon avis :
Je l’admets, les avant-propos m’ennuient. Je compte donc que ce livre commence p. 33 et se termine p. 170. Cent quarante pages, finalement, c’est peu pour raconter la vie d’une peintre méconnue. Peu, mais Françoise Cloarec préfère raconter ce qu’elle sait plutôt que de romancer – et c’est tout de même nettement mieux ainsi.
Peu de peintres ont eu une vie aussi simple. Fille du XIXe siècle, elle est la quatrième et dernière enfant de sa fratrie. Elle ne connaîtra que sa soeur aînée, son autre soeur et son frère sont morts jeunes, sa mère mourra alors qu’elle a un an. Placée jeune, comme c’était la coutume à l’époque, elle travaillera toute sa vie, ses « travaux noirs » et peindra le soir, avant d’être révélé par un marchand d’art allemand, pour lequel elle travaillait.
Le succès, oui, et les difficultés – Wilhelm Uhde, son protecteur, éprouvera plus que des difficultés pendant la première guerre mondiale, puis viendra ensuite la crise de 1929. Quel est l’origine de l’inspiration de Séraphine ? Elle disait entendre des voix, mais ces voix la conduiront d’abord à cesser de peindre puis à être internée en 1932 – jusqu’à sa mort, dix ans plus tard. Elle n’est pas la première artiste à subir un internement, ce qui permet à l’auteure de rappeler ce qu’était un asile à cette époque, non plus que le sort des malades mentaux pendant la seconde guerre mondiale.
Séraphine est une biographie nette et précise d’une artiste que le film de Martin Provost a permis de redécouvrir.