Le clou de la saison
Edition 10/18 - 334 pages.
Présentation de l’éditeur :
Ancien agent de la CIA, le professeur Horatio Cassidy est devenu précepteur et garde du corps de la petit Lucia, future héritière d’une riche famille de la noblesse italienne. Il loge avec le personnel et la mère de sa jeune élève au Mont Zéphyr, véritable forteresse construite en plein New York. Des systèmes de sécurité et de protection sophistiqués rendent inviolable ce gigantesque immeuble de plus de cinquante étages. Pourtant, Cassidy est inquiet. Il a appris que des groupes terroristes préparaient l’assaut du bunker à l’occasion d’une réception qui réunira la crème aristocratique du globe. Fausse rumeur ou menace sérieuse ? Cassidy, vieux renard, s’attend au pire !
Mon avis :
Attention, attention, roman policier atypique, et je pèse mes mots. D’ailleurs, est-il réellement un roman policier ? Menons l’enquête !
Dès le premier paragraphe, nous saurons une partie de la catastrophe qui s’est produite pendant la réception de la princesse Di Castiglione, réception qui devrait être « le clou de la saison ». Nous savons aussi, par un vieux briscard qui a survécu à onze guerres et à cette réception que celui qui sait tout ou presque sur cette affreuse tuerie se nomme Cassidy.
Qui est-il ? Horatio Cassidy est un ancien agent de la CIA oui, mais il est surtout un professeur de littérature médiévale, aux idées bien arrêtées, pour ne pas dire subversives, du moins, pas en tant qu’agent de la CIA, mais en tant que précepteur de l’unique héritière de la famille Di Castiglione, Lucia. On ne peut pas lui apprendre à réfléchir, à être autonome à cette petite, nanmého ! Et bien si, parce que Lucia est ravie d’avoir enfin un précepteur qui lui fait cours à elle, et non qui cherche à plaire à sa mère.
Ce roman a plus de quarante ans, et pourtant, il pose des questions toujours actuelles, telles que le consentement sexuel (Cassidy ne confond pas ses désirs et ceux de sa partenaire, c’est une évidence pour lui), ou que l’usage de la torture pour obtenir des renseignements. Il nous rappelle aussi le rôle pas très net que les Etats-Unis ont joué après la seconde guerre mondiale, offrant l’hospitalité à quelques gentils criminels de guerre. Cassidy vous le dira : un gentil nazi, c’est comme les licornes, cela n’existe pas.
En point d’orgue : la réception que la princesse veut à tout prix donner, en dépit des menaces d’enlèvement qui pèsent sur sa fille. Le prince, le père de Lucia,a lui-même été enlevé, et assassiné par ses ravisseurs, bien que la rançon ait été payée. Cassidy est donc sur les dents/au taquet/près à en découdre et surtout à sécuriser de son mieux le Mont Zéphyr, qui apparait pourtant déjà comme une forteresse de belle taille. Il entreprend aussi d’éveiller la vigilance de Lucia, de lui apprendre à se défendre ce qui ne se fait vraiment pas pour une jeune fille de la bonne société. Je trouve intéressant que ce roman policier, qui a obtenu un grand prix de la littérature policière en 1982, songe davantage à rendre la jeune future victime autonome qu’à l’infantiliser davantage. D’autres souhaiteraient largement s’en charger : l’action a beau se passer aux Etats-Unis, Lucia n’en reste pas moins italienne, avec des curateurs très catholiques.
Autre point fort de ce roman : le style. Cassidy n’est pas avare de réflexion mi-spirituelle mi-profonde. Ne pas s’attacher aux idées reçues, montrer que le monde n’a pas autant évolué qu’on le pense, et que certaines tactiques médiévales sont toujours valables de nos jours.
Un auteur à redécouvrir.